lunes, 25 de junio de 2012

Très difficile de parler de Mara



E s muy difícil hablar de Mara cuando ayer mañana hablaba con ella.
Me siento como Deméter a quien Hades arrebató a Perséfone.
Mara, la tuve como hija cuando todavía éramos muy jóvenes. Muchacha en flor H 48 – M 24. Venía de lejos, de cerca, a un cercado donde en los años 80 yo intentaba, soñaba en arraigar mundialmente y hacer crecer una reflexión plural, filosófico-literaria, sobre las diferencias empezando por las DS, las diferencias sexuales.
Había algo mitológico en el aire. Era usual, natural, que todas esas vinientes, esos vinientes, fueran fogosos y bellas. ¿Bellas? Todos lo éramos. Era tan gozoso afrontar el reto de los milenarios.
Y entre las distintas bellezas, había la Belleza misma, el misterio Mara, la gracia de una ninfa sonriente, pero púdica y ligeramente cubierta por un velo científico. Una ninfa pensante.
Mara es nuestra divinidad transcontinental, iba y venía de una orilla a la otra, tiernamente fálica y maliciosamente virginal.
Sin alardes.
Natural, Mara se distinguió siempre entre todos y todas por la sobriedad refinada de su esplendor.
Los defectillos, las coqueterías, siempre le fueron ajenos.
Delicadamente fuerte, con los pies en la tierra, se eleva en una especie de discreción radiante. No se crece, crece y florece.
Estaba cada vez más guapa y más serena, estos últimos años, y, por lo tanto, cada vez más joven. Lo atribuyo a la suerte de su unión con Ernesto, con quien podía compartir el gusto por la vida, el sabor del pensamiento, los viajes en la escritura. Con quien formaba una figura del amor tal como esperamos verla más a menudo en el futuro: un conjunto cambiante y encantador de d.s. Esto da una fuerza al ser humano.
El año que acaba de transcurrir en París, en investigación, en literatura, en filosofía, sólo era una primavera, promesa y proyectos. Varias veces intercambié con Mara ideas de próximas aventuras, de próximos años.  Por decirlo todo, pensaba confiar a su cuidado algunos preciosos secretos…
Hete aquí que Hades nos ha dejado sin aliento.  De un minuto a otro, nos han robado a Mara. Todos nos sentimos heridos, atacados por lo que Jacques Derrida denunciaba y temía, la cruel brevedad de la vida.
Ayer morimos todos un poco. Sin embargo, Mara vive aún, vive de otro modo, vive con fuerza. Como este día que le debe, el día, creo, lo atestiguará.
***
Très difficile de parler de Mara alors qu’hier et demain je parlais avec elle.
Je me sens comme Demeter à qui Hadès a enlevé Perséphone.
Mara je l’ai eue pour fille quand nous étions encore très jeunes. Jeune femme en fleur H 48 – M 24. Venue de loin, de près, dans un pré où dans les années 80’ j’essayais, je rêvais, d’enraciner mondialement et de faire croître une réflexion plurielle, philosophico-littéraire, sur les différences à commencer par les DS, les différences sexuelles.
Il y avait quelque chose de mythologique dans l’air. Il était convenu, naturel, que toutes ces venantes, ces venants fussent fougueux et belles. Belles ? On l’était tous. C’était si joyeux de relever le défi des millénaires.
Et parmi les différentes beautés, il y avait la Beauté même, le mystère Mara, la grâce d’une nymphe souriante, mais pudique et légèrement voilée d’une voilette scientifique. Une nymphe pensante.
Mara est notre divinité transcontinentale, elle allait et venait d’un bord à l’autre, tendrement phallique et malicieusement virginale.
Sans étalage.
Naturelle, Mara s’est toujours distinguée entre tous et toutes par la sobriété raffinée de son éclat.
Les petits défauts, les coquetteries, elle ne s’y prêta jamais.
Délicatement forte, bien posée sur la terre, elle s’élève dans une sorte de discrétion radieuse. Elle ne se pousse pas, elle pousse et s’épanouit.
Elle était de plus en plus belle et de plus en plus sereine, ces dernières années, et donc de plus en plus jeune. J’attribue cela à la chance de son union avec Ernesto, avec qui elle pouvait partager le goût de la vie, la saveur de la pensée, les voyages dans l’écriture. Avec qui elle formait une figure de l’amour telle qu’on espère en voir plus fréquemment à l’avenir : un ensemble changeant et charmant de d.s.. Cela donne une force à l’être humain.
L’année qui vient de s’écouler à Paris, en recherche, en littérature, en philosophie, n’était qu’un printemps, promesse et projets. Plusieurs fois j’ai échangé avec Mara des idées d’aventures prochaines, d’années prochaines. Pour tout vous dire, je songeais à confier à ses soins quelques précieux secrets…
Voilà, Hadès nous a coupé le souffle. D’une minute à l’autre, on nous a volé Mara. Tous nous nous sentons blessés, attaqués par ce que Jacques Derrida dénonçait et redoutait, la cruelle brièveté de la vie.
Nous sommes tous un peu morts hier. Cependant Mara vit encore, vit autrement, vit fort. Comme ce jour qui lui doit le jour va, je le crois, en témoigner.

*Traducción por Marta Segarra.
Palabras de  con motivo de la muerte de Mara Negron. Tomado de 80 grados. 

No hay comentarios:

Publicar un comentario